Je suis bien aise de découvrir ce site. Quand tant d'autres servent
de plateformes d'exhibition aux travestis, exposés comme des poupées
surmaquillées.
Si certains travestis s'assument et veulent aller plus loin dans leur féminité, j'imagine bien que beaucoup de travestis se sont sentis coupables devant la glace. Ridicules, une fois l'orgasme atteint, de se
découvrir en femme. Honteux de ne pas se trouver fort et fier tel le
mâle attendu.
Je fais partis de ces fétichistes là ! Mon coming-out est récent,
mais je comprends maintenant que la voie était tracée, que mon
environnement a faconné une personnalité fragile propice au
travestisme.
37 ans marié, un fils. Plutot gauche avec les femmes, assez
introverti, sensible, avec une vie sociale très pauvre. Pendant
longtemps j'ai vécu dans une bulle faite de 9-10h de travail
quotidien, sans plus d'attirance pour ma femme et fuyant une vie de
famille pas vraiment souhaitée.
J'aurai aimé avoir une sexualité plus ouverte avec elle. Longtemps
j'ai espéré qu'elle soit moins classique, plus complice, plus sexy,
plus imaginative. Attendu que la trentaine la "libère". J'ai
persévéré, proposé, questionné, puis résigné et enfin déconstruit
l'image un peu flou de la vie sexuelle et de couple que j'attendais.
J'ai donc cultivé intensément un jardin secret, vers 27 ans je
fréquentais souvent des prostitués. Avec la venue d'internet, j'ai
rencontré des couples en mal de nouveautés. Je ne regrette rien, j'ai
pris et donné beaucoup de plaisir.
Il y'a deux ans j'ai rencontré une femme. Nous sommes devenus amants
quelques mois. Je me suis beaucoup investi dans cette relation
secrète.
Comme une deuxième chance, trouver une vraie complice. L'épater,
l'inviter, la gâter, la faire rire, jouir... même si je voyais bien
qu'elle ne deviendrait pas ma prochaine compagne et que certains
traits de sa personnalité ne me plaisait pas.
Je dois dire que mon coté "petit coq" avait été aiguisé et j'étais
fier d'avoir évincé d'autres prétendants à ses charmes et d'avoir été
jugé bon amant par cette jolie blonde. Je devenais confiant, ma
libido au top !
J'avais femme, enfant, maitresse... Je respectais le code naturel du
mâle qui cherche à disséminer ses gênes à tous les vents...
Elle a décidé d'arrêter notre relation, voulait une vie de famille
mais pas avec moi. Je suis retombé lourdement de mon nuage et blessé
qu'elle ne soit pas plus attiré par moi, je devenais finalement fade
et indésirable alors que je n'avais jamais baissé la garde.
Je disais la comprendre, mais c'était faux, j'étais aigri, privé de
mon "jouet".
Rapidement je me suis enfermé sur moi même, j'ai surement
inconciemment banni la gente féminine de mon esprit. De plus en plus
je fantasmais sur les hommes, ils remplissaient mes pensées à chaque
masturbation. Après tout en rencontrant des couples j'avais eu des
attouchements bi !!
Dans ma tête j'étais un objet sexuel, ils me sodomisaient à la
chaine, m'imposaient des fellations, éjaculer sur moi, en moi.
J'étais soumis, consentant, offert. J'ai donc rencontré un homo, plus
agé que moi. Le "courant" est moyennement passé. Bienveillant, il ne
comprenait pas ma vie d'hétéro blessé, je ne prenais aucun plaisir
quand il me prenait brutalement. J'en sortais déconcerté, trahi par
un fantasme si pressant pourtant.
L'été est arrivé, et sur un coup de tête j'ai décidé de m'épiler
entièrement. Ma femme a été surprise mais sans plus. Et là :
révélation... !! Plutot sportif, j'ai trouvé mes formes très sexy et
hautement féminines. J'ai essayé de la lingerie, fait qq photos
diffusées sur internet. Je me suis trouvé très attirant"e". Voir mes
jambes gainées de bas noir et talons hauts, mes fesses lisses et
rebondies dans un string m'excitait.
Evidemment le haut de mon corps ne donnait pas le change,
qu'importe !! Admirer le bas, offert, me suffisait, emmanché sur un
godemichet j'arriver à l'orgasme, interne, très différent, féminin en
quelque sorte.
C'était étrange j'étais l'homme et la femme, je m'excitais en tant
qu'homme de mon image féminine, une sorte d'hermaphrodisme cérébrale.
Avec comme adage, on est jamais mieux servi que par soi même ! Ou
comme en défi : vous voyez mesdames c'est facile d'être sexy !!
Mes admirateurs masculins bandaient pour moi, ça me plaisait, moi qui
finalement recevait peu de compliments féminins, j'étais assailli de
proposition de rencontre. Parfois certains se trompaient et me
prenait vraiment pour une femme.
J'ai rencontré un homme, début trentaine, amateur de travesti, gentil
et bon amant... il m'a traité en femme, m'a fait l'amour en me
donnant énormément de plaisir.
Quel paradoxe, j'avais l'impression de me "trouver" et pourtant je
désirai fuir cette image finalement pitoyable. Comme un drogué je
revenais vers cette femme en moi, l'épilant, lui achetant de la
lingerie pour la jeter ensuite, l'exhibant sur le net pour cloturer
le compte juste après.
Enfin, quelle dégradation, passer du Don Juan au travesti soumis en
quelques mois.
Il y'a six mois je suis tombé très malade, j'en suis sorti dépressif.
J'ai entrepris une thérapie qui s'est soldé par un échec. Je n'ai
jamais réussi à créer de complicité avec ma psy, elle ne supportait
plus le bla-bla de nos séances. Elle n'a rien su de mon penchant
s'obstinant à se focaliser sur mon travail puis effleurant à peine
l'aspect familial avant de capituler.
Conjointement j'ai cherché, lu et auto analysé. J'ai "découvert"
l'absence de mon père, physique et mentale, taciturne et s'excluant
de la bulle mère-fils-fille. Il me faisait peur étant petit, ne
m'offrant aucune image de sérénité ou de confiance. Je sentais ma
mère soulagée de le savoir au travail, donc moi aussi.
Travaillant le soir, il était presque toujours absent à mon retour de
l'école et encore endormi le matin.
Après l'adolescence je me suis un peu réconcilié avec lui, seul
membre de la famille à lui parler mais pas encore inconcient des
dégats causés... mais je l'ai découvert mou et influençable.
Depuis je m'explique pourquoi je suis restais un ado, fuyant les
responsabilités, absent de toutes les décisions d'hommes ou suivant
mollement, malhabile avec mon fils, pourquoi je suis à la solde de
mon patron, soumis et corvéable, cherchant désespéremment à me faire
reconnaitre par tous, de mes rares amis, collègues, beau père...
Bref toujours en quête de la reconnaissance du père pour son fils. Je dois me résigner à être adulte, sans ressource du mâle.
Même si ma mère n'a pas été pesante, et que je n'ai pas revêtu
d'habits féminins dès mon enfance, le terreau était là !
J'ai lu que les femmes sont le miroir de la virilité, il a fallu que ma femme s'éloigne de moi et que ma maitresse me lâche pour voir cette virilité disparaitre peu à peu. Se travestir, plaire et se soumettre aux hommes serait finalement un moyen inconscient de ré-acquérir leur virilité, leur force.
Tout est devenu si écrasant, que je vis un inconfort permanent ... Mes fantasmes me dégoutent, j'en arrive à ne plus avoir d'érection.
J'envie même l'époque où je ne savais rien de moi, maudissant ma
personalité que je sais immuable, me maudissant moi même, face aux
réactions de mon fils, très attaché à sa mère, peureux, peu confiant,
tout l'image de son père en pire.
J'ai détruit ses jeunes années si essentielles à la construction de
sa personnalité.
J'essaye néanmoins de l'épargner, d'être plus présent, de lui
reconnaitre ses mérites en classe, de le motiver.... je pense que
c'est bien tard ! Chasse le naturel il revient au galop !! Chasse le
travesti il revient en guêpière !!
Trop tard pour lui, trop tard pour moi, trop tard pour mon père, je
me bats contre des moulins, certain de ne plus vivre normalement à
présent, frustré de tout, dégouté de mon image.
J'ai eu des excès de colère qui ont failli me couter mon job.
Tentative à peine masquée de suicide professionnel avant d'envisager
un autre suicide...
Je me surprends régulièrement à pleurer dans mon coin, à penser à me
supprimer, à trouver une manière indolore d'en finir à coup sûr !
Mon état psychique, n'a pas cessé d'empirer, pourtant j'ai essayé, chaque lecture me tire vers le bas ... Aucun chapitre pour compenser, lutter, sans sortir. Non seulement le constat d'un passif qui pourri le présent et ne fait pas envier l'avenir.
Bertrand